Il aimait ce pays, la Sorgue et ses vieilles roues à aubes dont les pales avec le temps se recouvrent de mousses denses d’un beau vert. Au travers on peut y voir l’eau perlée et qui scintille au soleil.
« …regarde en attendant tourner les dernières roues sur la Sorgue, mesure la longueur abondante de leur mousse, calcule la résistance délabrée de leurs planches, confie toi à voix basse aux eaux sauvages que nous aimons tant…« .
Son oeuvre est marquée par le Vaucluse dans lequel il passa sa vie. Il est l’un des premiers adhérents à la profession de foi des surréalistes qu’il reçoit souvent à l’Isle, avant d’aller vivre à Paris.
Son ami Albert Camus a écrit de lui :
« Je tiens René Char pour notre plus grand poète vivant […] La nouveauté de Char est éclatante, en effet. Il est sans doute passé par le surréalisme, mais il s’y est prêté plutôt que donné, le temps d’apercevoir que son pas était mieux assuré quand il marchait seul.[…] Char fait plus alors que nous exprimer: il est aussi le poète de nos lendemains».
L’amitié de René Char et d’Albert Camus, son cadet de six ans, ne surprend pas. La rencontre a la force d’une évidence, malgré les différences de culture, d’héritage, de tempérament, de préoccupations littéraires. Des différences qui semblent destinées à créer l’harmonie, sous l’égide du même soleil méditerranéen.
L’éternité à Lourmarin » René Char rendra hommage à son ami.
C’est en 1967 que Michel Soutter filme René Char chez lui, à l’Isle-sur-la-Sorgue. Le grand poète a alors tout juste 60 ans, il a reçu l’année précédente le Prix des critiques pour l’ensemble de son oeuvre. Le document s’intitule: René Char, nom de guerre « Alexandre » – 2007. Cliquez ici pour visualiser l’extrait.
La poésie de René Char c’est comme une montagne, se plaisait à dire son ami Claude Lapeyre (pour en savoir plus lire l’entretien de Claude Lapeyre avec David Servenay).
Aujourd’hui sur son tombeau, que l’on trouve sur la gauche en entrant par le portillon de l’entrée Nord du cimetière ancien, vous aurez l’occasion d’aller lire cette inscription parmi les herbes aromatiques :
« Si nous habitons un éclair, il est le cœur de l’éternel ».