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Albert Ceccarelli est né à Marseille, le 27 février 1916. Fils unique de Gabriel Ceccarelli, né à Cortona en 1889 et de Juliette Maestripieri, née à Pistoia en 1896.
Tous deux toscans, ils avaient quitté l’Italie pour un avenir meilleur. Ils se sont connus à Marseille dans le quartier de la Belle de Mai point de chute obligé des «babis» comme on désignait alors les immigrés transalpins.
En 1915, c’est la guerre. Soldat italien, Gabriel est au front dans les Dolomites ayant laissé Juliette enceinte aux soins de sa mère Epaminonda. À la rupture du front sur la Piave, Gabriel est fait prisonnier à Caporetto par les Austro- Hongrois. Il est interné à Budapest jusqu’en 1919.
Juliette et Epaminonda ont fait une place au bébé dans le modeste logis.
Revenu de captivité, Gabriel va réussir à acheter un terrain à Saint Barnabé ( 13012) puis à y faire construire une maison dans laquelle la famille s’installe en 1925. Couvreur de métier, il en avait réalisé lui-même.
La vie va s’y organiser, avec un jardin potager, des lapins pour le civet, des pigeons et quelques poules qui pouvaient pondre jusqu’à une vingtaine d’œufs par jour ; procurant à la « fermière » quelques modestes recettes, immédiatement investies dans l’éducation de son fils Gabriel. Juliette et Albert seront naturalisés Français par décret du 27 décembre 1930.
Albert montre un grand intérêt pour les études. Il obtient son Certificat d’études en 1928, son CAP d’ajusteur puis son Brevet industriel en 1932. Durant les vacances scolaires, il effectue des stages d’aide-mécanicien à bord des locomotives à vapeur du réseau sud-est de PLM.
En 1935 , il réussit le concours d’entrée à l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers d’Aix en Provence. Il y est admis à la 37 ème place sur 600 candidats. Il sortira 12 ème de sa promotion 1938.
Pour son service militaire, volontaire pour l’Aéronautique navale, il suit le cours d’élève-pilote de chasse. Bientôt, malheureusement, aux tests rigoureux de sélection physique, il va devoir y renoncer pour cause de troubles auditifs, séquelles d’une otite mal soignée. La marine l’affecte en Tunisie, comme officier canonnier à la DCA de la base de Bizerte. À la déclaration de la guerre, il est enseigne de vaisseau de deuxième ( sous-lieutenant).
En juin 1939, il fait la connaissance d’une institutrice Hélène Aicardo. Fiancés le 25 décembre 1939, ils se marient le 15 février 1940 à l’Isle sur la Sorgue. C’est la ville d’origine de Rose Torre, sa belle-mère qui y a vécu avant de s’installer en Tunisie en se mariant avec Barthelemy Aicardo, colon en Tunisie, issu d’une lignée espagnole anciennement établie dans la Régence d’Alger .
Les familles des époux sont venus de Marseille et de Tunisie pour participer à la fête dont le dernier témoin oculaire vivant, en sus de la mariée, se souvient toujours des températures glaciales de ce rigoureux hiver 1939-1940.
Le mariage est célébré par Marius Torre, adjoint au Maire, oncle de la mariée et Ingénieur des Arts et Métiers.
Après son voyage de noces à Nice, le jeune couple retourne en Tunisie.
En août 1940, pour cause d’armistice, détaché par la Marine aux services civils d’Afrique du Nord, Albert quitte l’uniforme pour endosser la blouse de professeur de Technologie à l’école professionnelle Émile Loubet de Tunis pendant l’année scolaire 1940/41.
Le temps d’avoir un fils Jean, né le 29 Juillet 1941 ;
L’enseignement nourrissant assez mal son homme, Albert travaille ensuite aux Chemins de Fer de Tunisie comme Ingénieur de dépôt puis à la société minière de Penaroya comme Ingénieur des Mines.
Le 16 mai 1943, il rejoint les Forces Françaises Navales Libres au 1er Bataillon de Fusiliers Marins, incorporé dans la VIII° armée britannique en Libye. Cette unité, ayant précédemment combattu en Syrie, transformée en unité de DCA (elle sera à Bir Hakeim), participera à la progression des forces alliées en poursuite jusqu’en Tunisie des troupes germano-italiennes. Après incorporation de nouveaux volontaires, il sera réorganisé en 1er Régiment de Fusiliers Marins, unité motorisée de reconnaissance et d’éclairage de la première Division Française Libre. Albert Ceccarelli participe au débarquement en Italie et sera blessé grièvement à Forma Quesa lors de l’offensive sur le Garigliano durant la bataille de Monte Cassino, le 20 mai 1944.
Décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent , il reçoit le 10 septembre 1945 un courrier personnel du Général de Gaulle : « Vous avez été de l’équipe volontaire de mes bons compagnons qui ont maintenu notre pays dans la guerre et dans l’honneur. Vous avez été de ceux qui au premier rang lui ont permis de remporter la victoire. Au moment où le but est atteint je tiens à vous remercier amicalement simplement au nom de la France ».
Admis au cadre actif des officiers de marine pour faits de guerre, Albert est nommé enseigne de vaisseau de 1ère classe le 31 octobre 1945, rattaché à la promotion de l’École Navale 1935-1938.
Après-guerre, figure au nombre de ses missions un mandat de l’ONU pour surveiller la régularité des élections en Grèce en 1946. La famille s’est installée à Toulon où Albert poursuit sa carrière d’officier de marine. Il sert en Indochine lorsque naît son second fils Bruno, le 4 mai 1949.albert_ceccecarelli
De retour en France, il est affecté à la Base Principale de l’Aéronavale d’Hyères le Palyvestre en qualité d’officier de transmission.
Il y met au point un dispositif de liaison directe entre le sol et les avions en opérations qui lui vaut les félicitations du Ministre.
Il effectue une seconde campagne en Indochine d’août 1953 à août 1955.
Au retour de campagne, il prend le commandement en second du destroyer d’escorte Soudanais affecté à la surveillance maritimes des côtes d’Algérie. Ce, jusqu’au 12 avril 1956, date à laquelle il quitte la marine nationale avec la Légion d’honneur et le grade de capitaine de corvette.
La famille s’installe à Vincennes (94) . Alors qu’il attendait son passeport pour rejoindre son nouveau poste civil de Chef du service radio de la Compagnie du canal de Suez , il est rappelé sous les drapeaux. Rappelé comme officier de transmissions de l’amiral chargé des opérations navales françaises en Egypte destinées à débloquer, conjointement avec des forces navales britanniques, le canal nationalisé par le colonel Nasser.
On se souvient que cette initiative franco- anglaise a été vigoureusement stoppée par Washington qui a exigé le retrait des troupes sous la menace nucléaire de Moscou. De retour d’Egypte le 31 décembre 1956, Albert écrit :« jamais je n’ai ressenti une telle douleur après tout ce que nous avions fait ».
C’est donc sans regret qu’il revient à la vie civile comme ingénieur dans une entreprise de câbles électriques le 1er Juin 1957.
La famille s’installe définitivement à Paris.
Albert s’initie au management d’unités de production industrielle.
Il construit une usine de téléviseurs dans le Nord puis restructure une usine de câbles électriques à Reims, société dont il devient directeur général. Pendant toute sa période industrielle il n’a cessé d’innover et a déposé plusieurs brevets d’invention.
En suite, il quitte son entreprise et le 1er avril 1968, il intègre la Délégation Ministérielle pour l’Armement, au Service de la Production Aéronautique, en charge de la division : matériel de bord des avions de combat.
Il quittera la vie professionnelle le 1er avril 1980. La distinction d’Officier dans l’ordre national du Mérite couronnera cette carrière civile.
Au lieu de se livrer aux délices de la retraite et tout en cultivant l’art d’être grand-père Albert va entreprendre une nouvelle aventure : écrire l’histoire de la ville natale de son épouse dans laquelle il vient d’acquérir une maison jouxtant celle de ses défunts beaux-parents ;

Son premier ouvrage

Et comme il faut commencer par le début pour comprendre l’antiquité romaine il se met tout de go à l’étude du latin.
Il écume les bibliothèques, fréquente les archéologues et court la campagne en bicyclette pour visualiser les traces du cadastre romain ou décrypter une inscription nouvelle sur une pierre inédite.
Il rapporte au paysage islois toute l’histoire de la Gaule puis de la Provence du Moyen Age jusqu’à l’arrivée des Papes en Avignon en 1274 dans un premier volume publié en 1987.

Son deuxième ouvrage

Inlassablement, il s’attache à la rédaction du deuxième volume qui couvre la période allant jusqu’à la Révolution qui paraîtra en 1988.

Son troisème ouvrage

Il ne pouvait pas mieux en célébrer le bicentenaire qu’en publiant en 1989 « La révolution à l’Isle sur sorgue ».

Son quatrième et dernier ouvrage

Il clôturait son travail par le quatrième tome qui se termine en 1990, année de sa parution.
Il dédie ce livre à sa femme, sa fidèle relectrice : « et sans laquelle je n’aurais pas connu l’Isle-sur-la-Sorgue».

Au détour de ces recherches historiques il s’est passionné, en bon toscan, pour les Étrusques. Réunissant une importante documentation, il commencera un ouvrage qui restera inachevé à sa mort, le 1er décembre 2008.
Il est enterré avec ses parents et sa grand-mère au cimetière de l’Isle.
En frontispice de son dernier ouvrage, il a fait figurer ces mots de René Char : « Il faut intarissablement se passionner ».
Voici simplement résumé dans les mots du poète le chemin accompli par l’enfant de la Belle de Mai passionné de technique, serviteur de l’État et épris de liberté.
Après avoir couru le monde, amoureux d’une Isloise au point de consacrer 10 ans de sa vie à lui raconter l’histoire de sa ville.
Le 18 novembre 2013
passerelle_ceccarelliUne passerelle qui enjambe un bras de la Sorgue qu’il aimait tant, lui a été dédiée tout dernièrement par la municipalité.

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Comments

Albert Ceccarelli (1916-2008) — Un commentaire

  1. J’ai eu la chance de croiser ce personnage exceptionnel, avec qui je faisais de temps en temps le tour de l’Isle, qu’il agrémentait de commentaires toujours très instructifs.
    Dommage qu’il nous ait quitté c’était une bibliothèque vivante en lui tout seul.

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